Bilan de l’année 2023 sur le programme d’élevage du Monarque de Fatu Hiva (Pomarea whitneyi)

Pour rappel, le Monarque de Fatu Hiva est une espèce d’oiseau endémique de l’île de Fatu Hiva aux Marquises, classée en danger critique d’extinction d’après la liste rouge de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN). 

Il ne reste aujourd’hui que cinq couples reproducteurs sur cette île, et donc dans le monde, qui pondent entre un et deux œufs par an. Ce sont donc moins de dix œufs par an qui sont incubés. 

Après plus de 10 mois de construction le centre d’élevage est terminé !  

Il comprend un logement pouvant accueillir deux à trois personnes, un laboratoire contenant tout le matériel nécessaire (de la collecte dans le nid à l’élevage des jeunes en passant par l’incubation des œufs) et pour finir un complexe comprenant quatre volières. 

Le complexe comprenant les quatre volières. 
Les volières sont connectées entres-elles par un système d’ouverture activable à distance permettant des échanges entre les individus et sont également pourvues de mangeoires accessibles depuis l’extérieur. Ces dernières peuvent aussi capturer les individus afin de pouvoir les transporter. Les volières sont agrémentées de Purau (Hibiscus tiliaceus) et de faux caféiers afin de recréer un environnement similaire au milieu naturel. 
Les deux logements 
L’incubateur. 
À l’intérieur du laboratoire tous les éléments sont réunis pour recréer des conditions de température et d’humidité identiques à celles du milieu naturel et indispensables pour une bonne incubation des œufs. 

Depuis septembre 2022 l’implication du Zoo d’Auckland a été très importante (design du labo et des volières, choix du matériel, organisation de quatre missions entre juin et septembre). Des experts des Zoo Victoria et du Zoo de Jersey sont également venus pour former les équipes locales et mettre en place les protocoles d’incubation des œufs et d’élevage des jeunes à la main. 

La récolte des œufs un vrai défi 

Les forêts de Purau (Hibiscus tiliaceus) dans lesquels vivent et nichent les Monarques n’ont pas de troncs suffisamment larges pour appuyer les échelles et atteindre les nids percher à une douzaine de mètres de hauteur (entre neuf et 20 mètres de haut). L’échelle doit être tenue par plusieurs cordes suivant un protocole bien précis. Une formation a eu lieu en Mars 2023 grâce à Justin Hite, venu bénévolement de Hawaii pour former l’équipe locale à la collecte d’œufs. 

Entrainement des équipes à la collecte des œufs 

Bilan des prélèvements d’œufs effectués au cours de l’année 

Ce sont au total six œufs prélevés entre juin et octobre 2023. Parmi eux, trois embryons étaient déjà morts au moment du prélèvement. Sur les quatre œufs couvés en captivé, un n’a pas éclos. Sur les trois poussins éclos, un n’était pas via dès l’éclosion et les deux autres sont morts au bout de 3 jours de captivité. Les nécropsies ont été réalisées et les analyses d’une anatomopathologiste allemande sont en cours pour connaitre les causes de décès. Il est très probable que la faible diversité génétique des oiseaux et l’âge élevé des parents aient un impact sur la survie des juvéniles.

Des succès non négligeables 

Plusieurs étapes cruciales ont toutefois été franchies comme le prélèvement au nid, le transport des œufs, l’élevage d’insectes, l’incubation artificielle et la mise en place d’équipements performants. Un protocole détaillé et précis a été réalisé sur chaque étape mais devra être affiné lors des premiers succès d’élevage. Deux rousserolles des Marquises (Acrocephalus mendanae), espèce insectivore endémique des Marquises, ont été prélevées au nid deux jours après l’éclosion. Leur élevage à la main n’a pas posé de problème et elles sont aujourd’hui en volière. Le choix de prélever les poussins de Rousserole a été guidé par la nécessité d’exclure tout doute sur la toxicité possible de la nourriture donnée aux poussins de Monarque et pour évaluer d’éventuels problèmes dans les différentes phases du protocole d’élevage en captivité. 

Il sera envisagé de prélever des poussins de deux à quatre jours après l’éclosion pour passer la période critique des premiers jours après éclosion sachant que le risque de contamination par la malaria aviaire est très faible au nid durant cette période post-éclosion. 

Les deux rousseroles élevées à la main