Réduire la mortalité des grands cétacés de Méditerranée grâce à la formation des marins par MIRACETI

Les collisions entre cétacés et trafic maritime représentent la première cause de mortalité non naturelle pour les grands cétacés (Rorqual commun et Cachalot) de Méditerranée Nord-Occidentale. En Méditerranée, ces deux espèces sont classées respectivement Vulnérable et En danger dans la liste rouge des espèces menacés mise à disposition par l’UICN.

Le trafic maritime mondial est sujet à une très forte croissance ces dernières années. En particulier en mer Méditerranée qui représente moins de 1% de la surface des mers et océans du globe mais qui concentre 25% du trafic maritime mondial et même 30% du trafic pétrolier mondial. En méditerranée nord-occidentale, l’activité des navires à passagers qui opère de manière saisonnière entre mai et septembre, représente l’essentiel des distances parcourues. S’ajoute ensuite à ce trafic commercial, le trafic de marchandises, la navigation de plaisance, elle aussi très saisonnière. Malheureusement, l’accroissement du trafic maritime mondial s’accompagne inévitablement d’une augmentation des risques de collisions avec les cétacés.

L’impact des collisions sur les populations de grands cétacés est difficile à estimer, de nombreux facteurs entrent en compte. Il est souvent difficile de connaître le nombre réel de décès dus aux collisions chaque année car même si les cas où l’animal reste sur le bulbe d’étrave jusqu’au port existent, ils ne sont pas majoritaires. En Méditerranée nord-occidentale, l’estimation communément admise depuis 2006 par certains scientifiques fait état de 8 à 40 rorquals communs qui succombent chaque année des suites d’une collision pour seulement 1 à 2 cas avérés. Même si les cachalots plongent à de grandes profondeurs pour de longues durée, lorsqu’ils sont en surface, ils sont souvent peu mobiles, les rendant plus vulnérables aux risques de collisions. Les collisions représentent donc un risque important pour cette espèce également, entre 2005 et 2017, environ 16% des cachalots retrouvés échoués en Méditerranée occidentale avaient des traces évidentes de collision avec un navire.

Rorqual commun devant un navire commercial. Photo Morgane Ratel - MIRACETI
Rorqual commun devant un navire commercial. Photo Morgane Ratel – MIRACETI

Pour pallier cette problématique et limiter les risques de collisions, l’association MIRACETI travaille depuis de nombreuses années pour accompagner les professionnels de la mer dans ces démarches.

Après plusieurs années de concertations, le système REPCET® (Système de REPérage en temps réel des CÉTacés) est né. Il a été co-développé par Souffleurs d’Ecume et Chrisar Software Technologies. Actuellement, le système est mis en œuvre par la société AR Consulting, le suivi scientifique et pédagogique est assuré par l’association MIRACETI.

Le dispositif REPCET permet le partage en temps réel des positions de cétacés (petits et grands) et d’obstacles à la navigation repérés par les équipages à bord. Pour chacune de ces catégories, plusieurs dénominations sont ensuite proposées pour préciser l’information telles que le nom de l’espèce si celle-ci est connue.

Le partage en temps réel fonctionne de la manière suivante :

  1. Le navire est géolocalisé en permanence sur un fond de carte sur l’écran REPCET installé en passerelle ;
  2. Le personnel de quart détecte à vue la présence d’un cétacé ou d’un obstacle à la navigation ;
  3. Il signale sa position par rapport au navire (distance et gisement) dans le logiciel ;
  4. Le serveur à terre reçoit l’information par satellite et retransmet simultanément le signalement à tous les autres navires équipés ;
  5. Les alertes sont cartographiées sur le fond de carte et les navigants peuvent ainsi consulter les signalements émis par l’ensemble du réseau.

Dans le cas de signalements de grands cétacés, une zone de risque dynamique apparaît autour de la position initiale de l’animal afin de tenir compte de ses déplacements. Lorsque le navire pénètre dans l’une de ces zones, une alarme se déclenche. Lors de la traversée d’une de ces zones, il est recommandé de réduire l’allure et d’augmenter la veille afin d’éviter une collision avec l’animal signalé par un navire précédant.

L’association œuvre depuis de nombreuses années pour accompagner les équipages dans leur utilisation du dispositif REPCET et sur l’identification des différentes espèces de cétacés afin de garantir l’envoi de données de qualité. Cette formation permet aussi de présenter les recommandations en cas de situation de collisions. L’association propose des formations au plus grand nombre de marins et de futurs marins sur la thématique collision et sur les enjeux associés à la navigation commerciale et aux cétacés.

Ces formations étant destinées aux équipages des navires utilisateurs de REPCET, l’association souhaite désormais étendre la portée et l’accessibilité de ces formations sur les risques de collisions à tous les professionnels de la mer. Pour assurer une accessibilité maximale, l’association va développer un support de formation vidéo autonome pour sensibiliser le plus de navigants et futurs navigants. Ce contenu permettra d’aborder tous les enjeux associés à la navigation commerciale et aux cétacés. En particulier, il permettra d’aborder ces différentes thématiques :

  • Différentes espèces de cétacés présentes en Méditerranée Nord-occidentale ;
  • Critères d’identification et de différenciation des cétacés de Méditerranée ;
  • Enjeux liés au trafic maritime et aux cétacés ;

Bonnes pratiques afin de réduire l’impact que peut avoir la navigation maritime sur les cétacés.

Rorqual commun mort suite à une collision sur le bulbe d’un navire commercial. Photo : Jerôme Couvat
Rorqual commun mort suite à une collision sur le bulbe d’un navire commercial. Photo : Jerôme Couvat

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