Quels seront les enjeux du Congrès mondial de l’UICN que la France accueille en septembre 2021 ?

Des milliers de représentants d’organisations, experts et partenaires, dont Univet Nature, seront présents lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN ; il se déroulera à Marseille du 3 au 11 septembre 2021. Cet événement clé devrait permettre d’aboutir à des actions concrètes sur les grands enjeux de la préservation de la nature à l’échelle mondiale.

Parc national des Calanques © Benjamin KABOUCHE

L’UICN « influenceur » des stratégies de conservation de la nature

Nous sommes aujourd’hui au cœur d’un sixième phénomène d’extinction massive de la biodiversité. Que l’homme soit le facteur déclencheur d’un tel phénomène, ne change rien à la nécessité et à l’urgence qu’il y a d’agir. Depuis 68 ans, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), aborde ces enjeux lors de ses Congrès à l’échelle mondiale. C’est à ce titre que la publication de la stratégie de l’UICN « Sauver la planète », a servi de base aux politiques internationales en matière d’environnement et orienté l’élaboration des Conventions de Rio sur la diversité biologique (CDB) en 1992.

Cette année ce congrès se déroulera à Marseille du 3 au 11 septembre 2021. Cet événement sera l’occasion de rassembler plusieurs milliers de décideurs autour des problématiques modernes actuelles que sont la conservation de la biodiversité, le développement et le bien-être économique et social des populations humaines. L’UICN a contribué à l’appropriation de ces enjeux par l’ONU et a reconnu la « Décennie des Nations Unies pour la biodiversité ». Mais les actes entrepris sont loin d’être à la hauteur des mots employés. Les défis du XXIème siècle restent toujours aussi nombreux et sans avancée notable pour y répondre.

Quelles propositions concrètes pour protéger la biodiversité dans le monde ?

Lors de ce congrès, des propositions et des actions prioritaires seront débattues et votées lors de l’Assemblée générale mondiale de l’UICN. Elles seront des réponses directes au constat alarmant de l’érosion accélérée de la biodiversité, dressé par la communauté scientifique de l’IBPES. Les grands axes seront :

  • renforcer la protection de grands écosystèmes, comme l’océan, les littoraux, les forêts, les mangroves ou les cours d’eau de montagne, ainsi que celle d’espèces menacées comme les grands singes, les mammifères marins ou les poissons herbivores des récifs coralliens. 
  • stopper ou réduire des grandes pressions sur la biodiversité comme la pollution plastique des mers, l’artificialisation des sols, les activités minières, les prélèvements de sable, les pesticides, le trafic d’espèces sauvages et la déforestation. 
  • renforcer la protection des espaces protégés sera aussi particulièrement souligné, tout comme l’importance des études d’impact environnemental et les financements dédiés à la biodiversité.
  • promouvoir les droits de la nature, qui permettent de renforcer la protection juridique de l’environnement et de poser les bases d’une nouvelle éthique avec la nature.
Rhinocéros d'Asie dans le Parc National de CHITWAN - Benjamin Kabouche
Rhinocéros d’Asie dans le Parc National de CHITWAN © Benjamin Kabouche

Le concept One Health en manque de cas pratiques ?

Le concept One Health, très présent sur la scène médiatique actuellement, n’est toutefois pas à la hauteur de la méthode intégrative de santé qu’il promeut. Cette conception holistique de réunion équilibrée des différentes santés (humaine, animale et écosystémique) n’a pour l’heure pas trouvé de véritables applications pratiques. Un des enjeux du congrès sera de proposer des stratégies et des plans d’actions, permettant de répondre aux problématiques environnementales et sociétales de manière coordonnée et mutualiste. Divers enjeux écologiques tels le changement climatique; la destruction de la biodiversité ; la pollution (chimique, sonore, physique) de l’eau, de la terre, de l’air et de l’espace ; la disparition des espèces ; la déforestation ; le pillage des océans ; la raréfaction des terres arables ; l’eau potable ; les déchets nucléaires ; le développement et la subsidence des populations humaines ; l’élevage intensif ; les gaz de schiste seront abordés. Ces problématiques devront prendre en compte les dimensions sociétale et humaine telles que l’alimentation ; l’explosion démographique ; les migrations ; la transition énergétique ; la maltraitance animale ; la pénurie d’eau ; l’intelligence artificielle ; l’antibiorésistance ; les perturbateurs endocriniens ; la pollution électromagnétique ; l’obésité ; la privatisation du vivant ; le transhumanisme ; la fin de la vie privée, entre autres. Ce programme vaste et complexe donnera lieu à des débats pendant plus d’une semaine.

Caméléon de Madagascar © Benjamin Kabouche

Univet Nature s’est donnée comme priorité de trouver des financements dédiés à la biodiversité.

Le fonds de dotation Univet Nature soutient financièrement des ONG qui œuvrent à réhabiliter, conserver, ou développer des projets qui répondent aux enjeux écologiques et humains abordés ci-dessus. Les actions entreprises par Univet Nature s’inscrivent dans le cadre des objectifs d’Aichi. Ces derniers, au nombre de 20, guident et aident les gouvernements nationaux dans la mise en œuvre du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020, adopté par les parties de la Convention pour la Diversité Biologique (CBD). Ce cadre législatif flexible vise à préserver la biodiversité et les services écosystémiques rendus par celle-ci, afin d’assurer un développement durable et équitable des civilisations humaines futures : « D’ici à 2050, la diversité biologique est valorisée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, en assurant le maintien des services fournis par les écosystèmes, en maintenant la planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels à tous les peuples ». Les sites naturels où Univet Nature intervient font partie des lieux classés comme « hotspot » de biodiversité. Ces zones prioritaires définies par les scientifiques présentent des espèces endémiques à hauteur de 5% des espèces présentent sur Terre, et une perte de leur habitat d’origine de 70% ou plus. Le soutien apporté par Univet Nature contribue à la préservation de ces sites d’exception et de leur diversité faunique et floristique.

Pour Univet Nature, les services écosystémiques que nous fournit la biodiversité ont permis, permettent et permettront la survie et le développement des hommes, si nous la protégeons. Nous sommes en sursis. Il est nécessaire et indispensable d’agir maintenant.

Par Marie Jacquier & Benjamin Kabouche

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