Les tigres du Népal. Retour d’expériences pour limiter leurs attaques en périphérie du parc national de Bardia

Photo de tigre – Dharmendra Khandal

En 2020, Awely a renouvelé son partenariat avec l’organisation népalaise le National Trust for Nature Conservation (NTNC), dans le cadre d’un projet de limitation des conflits opposant humains et tigres en périphérie du parc national de Bardia, au Népal. Univet Nature soutient ce projet ambitieux et indispensable pour la conservation de la grande faune.

Attaques sur les communautés

Ces dernières années, le nombre d’attaques de tigres sur les communautés vivant en bordure du parc a augmenté. Entre 2019 et 2020 seulement, les rapports des autorités du parc et du NTNC indiquent que 13 personnes ont été tuées et 10 ont été blessées par les tigres à l’intérieur et en périphérie du parc national.

Attaques sur le bétail

Entre 2019 et 2020, près de 300 attaques sur le gros et le petit bétail ont été répertoriées. Celles-ci ont lieu principalement la nuit, et à l’intérieur des abris à bétail. Cependant, il est très difficile de différencier les attaques causées par les tigres et les léopards. On suppose que les cas de mortalité de gros animaux domestiques (vaches, buffles) sont dus aux tigres, car les léopards ont tendance à s’attaquer aux animaux plus petits (chèvres, cochons, chiens domestiques). Si cette hypothèse est vraie, le nombre de cas de déprédation du bétail impliquant des tigres semble être assez faible par rapport à ceux causés par des léopards.

Attaque de léopard sur un cochon © Awely
Attaque de léopard sur un cochon © Awely

Pourquoi ces attaques ?

Les causes de ces attaques ne sont pas bien connues, plusieurs facteurs peuvent cependant apporter des explications :  

Les informations collectées par le NTNC indiquent que les bergers, les collecteurs de bois et d’autres produits forestiers dans la zone de forêt communautaire en périphérie du parc sont les principales victimes de ces attaques. Les victimes sont également les personnes entrant illégalement à l’intérieur du parc pour pêcher ou récolter des légumes sauvages et des champignons.

Berger conduisant son troupeau en périphérie du parc © Awely
Berger conduisant son troupeau en périphérie du parc © Awely

Enfin, les fermiers – principalement de la communauté Tharu – dormant dans leurs champs pour protéger leurs récoltes des intrusions de sangliers courent également le risque de faire des mauvaises rencontres…

Travail au champ en périphérie du parc de Bardia © Awely
Travail au champ en périphérie du parc de Bardia © Awely

En parallèle, une population croissante de tigres à l’intérieur de l’aire protégée peut accroître le risque de rencontres avec les tigres à l’intérieur du parc, ou dans la zone de forêt communautaire. En effet, depuis 2009, la population de tigres a presque doublé au Népal.

Quelles sont nos actions ?

L’objectif de ce projet est de contribuer au maintien d’un contexte social favorable à la présence du tigre au sein des communautés vivant en périphérie du parc de Bardia.

En particulier, nous souhaitons développer des moyens de protection des communautés et apaiser les tensions générées par les attaques dans une zone pilote localisée à l’ouest du parc.

Localisation des attaques de tigre © NTNC
Localisation des attaques de tigre © NTNC

En collaboration avec l’équipe du NTNC, nous avons passé les premiers mois du projet à réunir toutes les informations disponibles nous permettant d’établir une analyse détaillée du contexte de conflits.

L’identification et l’implication de tous les acteurs impactés est également une étape fondamentale dans le développement de la stratégie mise en œuvre. En effet, afin de développer des solutions durables, nous devons au préalable comprendre les besoins, les croyances, les perceptions, les attitudes qui attisent les tensions et conditionnent les comportements des personnes impactées. Dans cet objectif, nous organisons des consultations entre les parties prenantes afin de permettre à chacun de prendre part à l’élaboration de solutions qui soient efficaces sur le long terme.

Pour autant, peut-on parler de tigres mangeurs d’hommes ?

Le tigre est connu pour avoir naturellement peur de l’homme, se tenant à l’écart des activités humaines. S’il se sent en danger et ne peut pas fuir, un tigre peut ne pas avoir d’autre choix que d’attaquer l’homme pour se protéger. Cependant, il peut arriver qu’un tigre attaque les humains de façon répétée, et consomme ses victimes. Ces « mangeurs d’homme » sont en général blessés ou malades, se retrouvant dans l’incapacité de chasser leurs proies naturelles.

Au début du mois d’avril, un tigre suspecté d’être devenu « mangeur d’hommes » après avoir tué trois personnes à Bardia a été immobilisé dans l’objectif d’être transféré au Zoo de Katmandou. D’après l’examen du vétérinaire, ce tigre avait plusieurs blessures pouvant expliquer les attaques répétées sur les humains. Article intégral à lire ici

Pour aller plus loin :

A lire : Corbett, J. (2004). Tigres et léopards mangeurs d’homme (Montbel). ISBN-10 : 2914390122

https://www.montbel.com/corbett-tigres-et-leopards,fr,4,M012.cfm

A écouter : À la rencontre du tigre au Népal, Kris de Bardia (guide animalier)

https://podcast.ausha.co/des-baleines-sous-les-gravillons/s02e07-kris-de-bardia-1-3-guide-animalier-a-la-rencontre-du-tigre-au-nepal