Hommage à Romain Gary pour son livre : Les racines du ciel

Nous devons à Romain Gary le premier récit de militance écologique dans « Les racines du ciel » (1). Romain Gary est décédé le 2 décembre 1980 et nous voudrions ici évoquer sa mémoire et vous présenter la situation actuelle des éléphants. « Les racines du ciel » paru en 1956  a été récompensé du prix Goncourt.

Ce roman ce situe à la charnière entre la fin de la seconde guerre mondiale et les mouvements de libération des peuples africains. Après la fureur de la guerre en Europe, après l’absurdité colonialiste, les élites et les dirigeants du monde ont eu plus d’ingéniosité pour détruire le vivant que pour le préserver. Les années 1950-1960 ont été le tournant écologique raté. Alors que, rappellent les chercheurs (2), l’Afrique a pu compter « plus de 20 millions d’éléphants avant la colonisation européenne ». Il y avait encore 2,5 millions d’éléphants en Afrique à la fin des années 1960. Leur nombre était encore estimé à 1 million dans les années 1970, il n’en reste plus qu’un tiers aujourd’hui, soit 352 000 individus recensés en 2014, contre 496 000 en 2007. Plusieurs milliers sont tués chaque jour essentiellement pour l’ivoire.

« Là où il y a les éléphants, il y a la liberté. ».

Romain Gary nous propose de suivre les pas de son héros, Morel, résistant pendant la guerre et résistant de la cause animale, celle des éléphants. Son personnage a été largement inspiré de la biographie de Pierre Pfeffer, biologiste et militant de la nature en Afrique. Décrit avec bienveillance, Morel est le « noble aventurier » écologiste par excellence, courageux, opiniâtre et jamais désespéré. Nous suivons ses traces et ses péripéties en faveur de la faune sauvage africaine. Il nous ressemble tellement  » […] avec ses pétitions, ses manifestes, ses tracts, ses comités de défense […] » sauf que lui organisera aussi un maquis armé et organisé ! Ce livre décrit ici l’enracinement de la cause animale comme l’essence même de l’humanisme. Il discute de la place de l’homme dans les écosystèmes et de notre libre arbitre pour agir : « Là où il y a les éléphants, il y a la liberté ».

La rencontre avec un éléphant sauvage ne laisse pas de place au doute sur la petitesse et l’impuissance de la condition humaine à vivre en harmonie avec les autres animaux sauvages. La relation est aussi fugace que sans ambiguïté : un éléphant ne s’habitue pas à notre présence. Nous l’insupportons. Il peut ne pas vous charger, mais il est sans empathie et sans patience pour notre espèce. Paradoxalement, c’est pour cette raison que nous devrions mettre davantage d’ardeur à les protéger ! Ce comportement si agressif à notre égard, si sauvage, si hostile élève notre dignité à « s’encombrer » sans rien attendre en retour des espèces telles que les éléphants, les ours voire les loups.

Texte & photo : Benjamin Kabouche

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