Le Monarque de Fatu Hiva des Iles Marquises, un oiseau en voie d’extinction

Photo B. Ignace

Les monarques du  genre Pomarea, genre endémique de Polynésie, sont des oiseaux très sensibles aux rats, avec 5 espèces déjà éteintes et 5 espèces menacées. Les 13 années d’efforts intensifs fournis par la Société d’Ornithologie de Polynésie, ont permis d’éviter par deux fois l’extinction du Monarque de Fatu Hiva (Pomarea whitneyi). La  situation reste très délicate avec seulement 4 couples reproducteurs en 2021. Ce passereau est En Danger Critique d’extinction, l’UICN l’ayant placé sur la liste des 100 espèces les plus menacées au monde.

A Fatu Hiva, le Monarque endémique de cette île des Marquises, en Polynésie française, est devenu rare suite à l’introduction du Rat noir dans l’île à la fin des années 80. Auparavant, cette espèce était commune partout dans cette île isolée possédant 600 habitants (pas d’aéroport, 3 h de bateau nécessaire). Les rats ont progressivement empêché toute reproduction. L’espèce était au bord de l’extinction en 2008 avec seulement 2 couples fertiles. Par la suite, les chats harets très abondants sur l’île ont eu un impact trop important sur les oiseaux juvéniles produits depuis 2008. Le taux de recrutement des jeunes dans la population ne permet toujours pas d’augmenter la population : seuls 5 % des jeunes deviennent reproducteurs. La population féline est surveillée par plus de 80 caméras de surveillance. Des sessions de stérilisation gratuite des chats domestiques y sont menées depuis 2012.

Fatu hiva monarch on nest B Ignace
Monarque de Fatu Hiva sur son nid – Photo B. Ignace

La prédation des juvéniles émancipés qui ont émigré vers des zones non protégées des prédateurs est l’hypothèse actuelle. Les jeunes oiseaux sont tellement naïfs et curieux qu’ils sont très vulnérables à la prédation par les chats, qui présentent une densité très importante sur cette île (liée à une abondance très élevée de rats). De plus, les jeunes adultes qui ont été bagués récemment sont tous des mâles et confirment l’hypothèse que les jeunes femelles se dispersent plus loin que les mâles, comme chez de nombreux passereaux. Cette découverte est un coup dur car l’espèce ne pourra pas être sauvée sans femelles… Une meilleure compréhension de la dispersion des jeunes oiseaux a débuté en 2020 par des tests de pose de caméras automatiques avec des leurres, ce dispositif a montré sa capacité à détecter des jeunes dans l’aire de distribution actuelle. Reste maintenant à déployer les caméras en périphérie de cette aire pour tenter de détecter les éventuels jeunes qui s’y trouvent. Un suivi par télémétrie est également prévu en 2021/22, associé à une extension de la surface de contrôle des prédateurs.

Hanavave view, Fatu Hiva Photo M le Barh
Vue de Hanavave, Fatu Hiva – Photo M. le Barh

Cette espèce, qui est l’espèce la plus menacée de France et d’Outre-mer, a bénéficié de l’aide d’Univet Nature. Mais ce ne sera pas suffisant, le Monarque de Fatu Hiva a besoin de davantage de fonds et du soutien de tous car elle peut s’éteindre à tout moment si les efforts ne sont pas augmentés dès 2021.

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